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25 mars 2016 à 05:55

Johan Cruyff

Johan Cruyff, la mort de l’élégance Jean-François Fournel, le 24/03/2016 à 16h47

Le Hollandais volant, premier triple ballon d’or de l’histoire, est mort jeudi 24 mars à 68 ans des suites d’un cancer du poumon.

Ses longues chevauchées et son style élégant ont marqué pour toujours la légende du football, au point que beaucoup de petits footballeurs ont été prénommés Johan en son honneur.

Johan Cruyff (à droite) pendant le match Argentine - Pays-Bas de la coupe deo monde 1974.

Johan Cruyff (à droite) pendant le match Argentine - Pays-Bas de la coupe deo monde 1974. / STF -/AFP

Qu’ils s’appellent Gourcuff, Cabaye ou Dupond, qu’ils soient internationaux ou simples amateurs du mercredi, tous les petits Johan de France et du monde, et ils sont très nombreux dans les familles du football, sont orphelins du plus célèbre numéro 14 de l’histoire du football. Johan Cruyff est décédé le 24 mars à 68 ans des suites d’un cancer du poumon.

Depuis des années, le monde du sport s’était habitué à l’idée de vivre un jour sans un Pelé de plus en plus fragile, ou sans un Diego Maradona souvent menacé par son mode de vie. Mais c’est le nonchalant Hollandais volant, « le plus grand joueur de tous les temps » selon Michel Platini, qui a gagné ce triste match.

Pourtant, ce fumeur invétéré, y compris à la mi-temps de ses matchs, rattrapé depuis près de dix ans par le cancer, avait laissé entendre qu’il allait beaucoup mieux ces derniers temps. « Après plusieurs traitements, je peux dire que les résultats sont très positifs, grâce à l’excellent travail des médecins, le soutien de mes proches et ma mentalité positive. En ce moment précis, j’ai l’impression de mener 2-0 en première période d’un match qui reste à finir, mais dont je suis persuadé que je vais le gagner », disait-il quelques jours plus tôt sur son site Internet. La preuve que les plus grands visionnaires du football peuvent aussi manquer leur coup.

Excellent joueur aussi bien qu’entraîneur

Au cours de sa carrière, l’élégant milieu offensif n’en a pas manqué beaucoup, devenant le premier triple ballon d’or de l’histoire, menant ses clubs au sommet du football européen, en tant que joueur et sur le banc comme entraîneur. On retiendra de ce joueur quelques figures exceptionnelles, dont la fameuse virevolte surnommée « Cruyff turn » (tour de Cruyff), qui a déstabilisé les défenses du monde entier. Sans oublier la confrontation homérique avec l’autre grande vedette européenne de l’époque, Franz Beckenbauer, lors de la finale de la Coupe du monde 1974 entre les Pays-Bas et l’Allemagne.

 

Mais on note surtout qu’il a été le premier à écrire, avec son club formateur de l’Ajax d’Amsterdam, les codes de ce qu’on a appelé très vite le football « total ». Ce mélange de vitesse et de participation collective de tous les joueurs à l’ensemble du jeu a fait école durant près de trente ans. Jusqu’à ce qu’il trouve l’énergie d’inspirer une alternative à sa propre méthode, imposant à Barcelone le tiki-taka, un jeu fait de passes courtes ultrarapides, qui a assis la domination du club catalan.

Élégant, fluide, aérien, Johan Cruyff restera comme l’un des plus beaux joueurs de l’histoire, au sens artistique du terme. Les pères des petits Johan n’ont pas oublié ses longues courses, cheveux au vent, ballon collé au pied. Chevauchées reconnaissables entre toutes au long de ses vingt ans de carrière professionnelle, entre 1964 et 1984.

Un sens tactique et médiatique, un engagement politique

Mais il a aussi construit sa légende hors du terrain. Il fut l’un des premiers à négocier lui-même son transfert de l’Ajax d’Amsterdam à Barcelone, alors que les joueurs se contentaient à l’époque de signer en bas du contrat que leur tendaient les présidents de clubs. Il sut aussi s’imposer sur le plan politique, en expliquant qu’il avait choisi Barcelone plutôt que Madrid car le club de la capitale était selon lui « le club de Franco ». Cette prise de position et le choix de donner à son fils un prénom typiquement catalan, Jordi, lui a donné une aura incroyable auprès des « socios » (les supporteurs abonnés) barcelonais, qui ne l’appelaient jamais autrement que « El Salvador » (le sauveur).

 

Cet engagement politique lui permit d’entretenir sa légende lors de la Coupe du monde de 1978 en Argentine, où il avait refusé d’aller malgré l’intervention personnelle de la reine des Pays-Bas. On crut longtemps que ce forfait était lié à la dictature des généraux de Buenos Aires. Le joueur ne fit rien pour démentir, même si on sait aujourd’hui qu’il avait en réalité été victime quelques jours avant le départ d’une prise d’otage crapuleuse avec sa famille.

Mais le sens tactique et médiatique du « Hollandais volant », son autre surnom, était doublé d’une authentique générosité. Mettant sa notoriété au service d’une cause, il a créé en 1997 une fondation destinée à venir en aide aux enfants handicapés qui porte son nom.

 

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Un entraîneur qui a inspiré toute une génération

En seulement onze ans de carrière comme entraîneur, Johan Cruyff a marqué son temps et laissé un précieux héritage. À la tête de l’Ajax Amsterdam (1985-1988) puis du FC Barcelone (1988-1996), le Néerlandais a inventé un système de jeu tourné vers l’offensive. Avec l’Ajax, l’intransigeant « Maître Cruyff » remporte un championnat des Pays-Bas, deux coupes nationales et une Coupe des coupes. En 1988, il rejoint son autre club de cœur, le FC Barcelone. En Catalogne, ce technicien entame une profonde refondation. Il décroche quatre titres de champion d’Espagne et une Coupe des clubs champions – la première du Barça. Le style de jeu de l’équipe de Johan Cruyff enthousiasme l’Europe et gagne le surnom de « Dream Team » (équipe de rêve).

Arrivé sur le banc, il réussit l’exploit de marquer l’histoire du jeu après l’avoir fait sur le terrain. Aujourd’hui, à l’Ajax et à Barcelone, son influence demeure considérable. Le style Cruyff marque encore les deux équipes et notamment leur centre de formation. Pep Guardiola, actuel entraîneur du Bayern Munich (Allemagne), ancien joueur et entraîneur du Barça, se revendique comme l’un de ses disciples. Au Paris SG, Laurent Blanc le reconnaît également comme son modèle.

 

 

Jean-François Fournel Journal LA CROIX

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